1998 fut une année sainte pour Bernard Diomède mais aussi pour de nombreux amateurs de rap. Beaucoup se souviennent encore avec nostalgie de leur première écoute de
Superthug, pour d’autres c’est le plaisir coupable des longues heures à regarder la pochette de
Capital Punishment qui remonte à la surface! Pour cet article c’est un autre évènement que je souhaite mettre en avant à savoir l’apparition de celui qui doit être pour vous, lecteurs de Corporate Bloggin un héros.
C’est donc en cet An de grâce 1998 soit 10 avant
Rakailles 4, que Camron Gilles fraichement et sobrement renommé
Cam’ron, vêtu d’une salopette de cuir et armé d’une masse, s’apprête à forger les classiques qui orneront son chemin vers la gloire. Cette fin des années 90 est aussi une période charnière pour l’évolution du rap en général, c’est à cette époque que le public amateur de rap et certains rappeur/producteurs, se tournent vers les scènes du sud-est des états unis, plus connu aujourd’hui sous le nom de dirty south. Dans
Confession Of Fire, on ressent les prémices de cette évolution il suffit pour s’en convaincre de remarquer la présence de son ami d’enfance et partenaire sur les terrains de basket, Mase, c’est à lui que Cam’ron doit sont premier contrat, le tracklisting révèle aussi la présence du danseur devenu chanteur de r'n’b, Usher ainsi qu’un des hit makers du moment, le boss de So So Def Jermaine Dupri. Un point commun entre ces trois featurings, leur provenance, la Floride pour Mase et la Géorgie pour les deux autres, deux états du sud-est américain…
On a de Cam’ron une image précise celle d’un rappeur lucide avec un « cran d’avance » sur son temps, ouvert aux influences les plus populaires et aux sonorités venues d’ailleurs. Cette perméabilité aux thèmes/sonorités du sud Cam’ron va la cultiver tout au long de sa carrière, à l’occasion de nombreuses virées en jet privé, souvent accompagné de ses socios du Dipset. Résultat des courses, des hits et un bronzage parfait (
down south tanning).
Eté 2002 Harlem a chaud Cam’ron lui monte le chauffage et ramène tout le monde une décennie en arrière accompagné de Master P et de tout ce que la Nouvelle Orléans contient d’humidité. Un mélange qui donne lieu a
une reprise de Bout it, bout it, mémorable…
2004 le Dipset au complet honore la création de leur boisson violette par la sorti d’une mixtape
Sippin’On Sizzurp. On retiendra de cette mixtape
le remix du morceau éponyme de la tape avec la Three 6 Mafia et Bun B, un hommage appuyé à l’univers dirty south, ses piscines, ses bikinis et à sa drogue fétiche.
2005 tu cherches désespérément une New Era Atlanta, tu pries pour qu’une franchise KFC ouvre dans ta ville et tu découvre Bone Crusher et
le remix du mégahit Never Scared (surement sur Whodewey), Cam’ron est dessus.
Un rappel, en fait un prétexte pour parler d’un dernier morceau, sorti il y a quelques jours, certains en avait rêvé… Asylum l’a fait, en réunissant deux de ses signatures rap les plus intéressantes, Cam’ron et
OJ da Juiceman, ce dernier permettant une rencontre (sur bande seulement) entre deux rappeurs capables de mêler références cartoon et distribution de drogue, et manipulant leur flow déconneur avec talent, Cam’ron et
Gucci Mane. Sur ce remix Cam donne l’impression d’être né dans la Zone 6 d’Atlanta, qu’il a déjà rappé cent fois sur les beats digitaux de Zaytoven. Il intègre sans peine les codes trap rap (recherche de mots-clés : bricks, Louis bag, birds) et n’oublie pas d’ajouter un exotisme hispanophone à la OJ. Le meilleur passage est explicite:
bricks hammers and shovels, yeah I'm Home Depot
home invasion
get your home repo
hasta la vista, adios, finito
Et pourtant tu le reconnais c'est toujours Cam, c'est ça qui tue.
What's CAM + TRAP? Un feat parfait, exactement.
Un tel morceau laisse penser qu’une collaboration plus approfondie entre les deux rois de la cour de récré est possible mais pour cela il faut attendre la sortie de prison de
Gucci Mane la Flare, qu'on imagine très clairement. Un beau jour de mars il va enfin sortir du pénitencier, il ne passera même pas chez lui déposer ses affaires, au lieu de ça il filera directement réveiller Zaytoven dans son studio pour qu’ils fassent
GUCCITENDO en 24h chrono pendant qu’un mec fera la pochette, toujours à partir d’une des trois mêmes photos de son myspace, puis ils inonderont triomphalement l’internet le lendemain.
Co-production Grace Kelly Entertainment et Voltask International.