Friday, May 09, 2008

Bab Lee roi du boucan

les éléphants


Bienvenue en Côte d’Ivoire, un pays où le phénomène national coupé-décalé a pris une ampleur gigantesque, la popularité de Douk Saga n’ayant rien à envier à celle de Didier Drogba. Il s’exporte aussi très bien, à tel point qu’il n’est pas nécessaire de vous expliquer de quoi il s’agit (si je vous ai surestimés: explications et historique ici). Le volume de productions nouvelles sur lesquelles dansent les boucantiers est conséquent. Beaucoup de morceaux, bien que plaisants, suivent une certaine routine: le même rythme, la même guitare, un mec chante un refrain d’une voix douce pendant qu’un autre dédicace toute sa famille et récite des biographies. D’autres vont plus loin et ne sont ni plus ni moins que de l’excellente dance music.
C’est le cas de Sous les cocotiers du producteur Bab Lee, un morceau que m’a fait connaître Etienne Menu qui vous en parle là tout de suite maintenant en anglais. Ce morceau qui a marché dans toute l’Afrique est certifié classique par les wolosso et les faroteurs d’Abidjan.




Cette année Bab Lee sort un nouveau track intitulé Bablee Samuz, sur le label Uppercuts, disponible en digital sur iTunes. Il s’inscrit dans la continuité du son de Sous les cocotiers. Un remix pour l’EP de Radioclit sur Mental Groove suivra. Ecoutez le morceau ou ce mix coupé-décalé de Tron pour vous mettre bien et lisez l’interview de ce grand homme, il est temps de travailler et de faire le boucan.





D'où vient le nom Babulax Lee ?

Le nom Babulax Lee m’a été donné par mes musiciens rasta pratiquants d’un groupe orchestral de reggae ‘’JAH POETY’’, avec lequel je jouais pendant que j’étais à l’école de musique. Ils portaient tous des dreadlocks, fumaient de l’herbe et comme je ne faisais rien de tout ça, ils considéraient que j’avais tout de Babylone, et rien de rasta, ils m’ont donc surnommé BABULAX ‘’le last des Babylone’’ ;
Le Lee vient de la marque de Jeans ‘’Lee Cooper’’ qui était ma marque de jeans préféré, et ce qui donne par combinaison BABULAX LEE.

Bablee Samuz et Sous les cocotiers sont-ils représentatifs de ce que tu faisais auparavant ?

Non, pas forcément, il faut d’abord savoir que j’ai une double personnalité : Bab Lee l’artiste musicien et Babulax Lee l’arrangeur, ingénieur de son, qui a réalise et participé à l’enregistrement d’albums des artistes Ivoiriens et Africains de grande renommée dont le célèbre Reggaeman mondial Alpha Blondy.
‘’Sous les Cocotiers’’ et Bab Lee samuz, sont en fait, mes deux premières expériences personnelles, deux créations qui retranscrivent quelque peu des pulsations enfouies en moi-même. C’est en fait un métissage de rythmes et sonorités.

Sous les Cocotiers est réputé pour être un morceau très apprécié des danseurs de coupé-décalé. On sait que le coupé-décalé est une danse, une attitude mais est-ce que cela renvoie aussi à un style musical ?

Sachez d’emblée que ‘’Sous les Cocotiers’’ est l’un des principaux morceaux qui ont contribué réellement à l’implosion du coupé – décalé en Côte d’Ivoire. Tous les DJ dans les grands maquis s’en servaient pour faire leur mixage et même des artistes de la tendance coupé – décalé comme DOUK SAGA, LE MOLARE, KESHIA etc. s’en servaient pour faire leur entrée de scène, Sous les cocotiers a fortement inspiré les premières sorties de plusieurs de ces artistes là. Au-delà de la simple philosophie qui décrit le coupé décalé comme étant l’expression de l’élégance et de l’opulence de ses adeptes, cela s’est transformé un peu plus tard en un vrai style de danse qui comporte plusieurs concepts avec des pas de danse adaptés à des chansons.

Quel est ton pas préféré ?

En tant que créateur de musiques, je n’ai pas de pas préféré.

Connaissais-tu personnellement Douk Saga ? (pour information, Douk Saga, tristement décédé fin 2006, est l’inventeur de la sagacité et une figure emblématique du coupé-décalé avec sa bande la Jet Set, à voir en action)

Oui, DOUK SAGA et moi, on se connaît très bien, j’ai même refait le mixage des chansons de son dernier album car il trouvait que le premier mixage ne lui convenait pas.

Est-ce qu'on entend ta musique dans les maquis de la rue Princesse à Abidjan ?

Bien sur, je vous ai dit que pratiquement tous les DJ des maquis en Côte d’Ivoire s’en servent pour faire leur mixage, donc, ce n’est pas seulement qu’à la Rue Princesse que se joue ma musique, ‘’Sous les cocotiers’’ a envahi tous les maquis, les chaînes de Télé et les stations radio ivoiriens et africains. Sachez aussi que quand un album décolle à Abidjan, ça inonde toute l’Afrique, ce fut le cas pour ‘’Sous les Cocotiers’’.

Peux-tu nous décrire cet endroit ?

La Rue princesse c’est en fait une rue d’environ un kilomètre dans le quartier chaud de Yopougon, bordée de des deux côtés par des grands maquis, des grandes boîtes de nuit à ciel ouvert. A la Rue Princesse, les ‘’fêtards’’ de clients, en majorité jeunes, sont accueillis et entretenus comme des princes par des belles princesses, les serveuses. Et ce du lundi au dimanche à partir de 20 h dans une ambiance folle, avec une sonorisation bruyante tenue par des DJ. Là-bas, l’alcool coule à flot et le sexe n’est pas un interdit. C’est un peu ça la Rue Princesse.

Quels autres lieux recommanderais-tu à ceux qui veulent profiter de la dance music ivoirienne ?

A part la Rue Princesse il y a d’autres grands maquis comme le SHANGHAÏ, la STATION METRO, toujours à Yopougon, les ‘’MILLES MAQUIS’’ à Marcory et bien d’autres clubs et maquis.

Es-tu resté en Côte d'Ivoire pendant le conflit en 2002 ? Est-ce que la musique te permet de voyager, pour des collaborations, des lives ?

Oui, j’étais en Côte d’Ivoire, humblement, je fais partie des piliers qui ont inventé le coupé – décalé, cette musique qui a permis à mon pays de maintenir sa présence et sa reluisante culturelle pendant la guerre, car elle permettait à la jeunesse de passer de moments pendant les couvre-feux. Effectivement, j’effectue beaucoup de voyages, car je suis sollicité un peu partout en Afrique (Bénin, Burkina Faso, Gabon, Mali, Sénégal) je suis actuellement au Togo où j’anime des séances et des ateliers de formation à l’endroit des jeunes, j’installe aussi des studios d’enregistrement, je réalise des albums et aussi je fais des tournées lives.

Est-ce que tu écoutes de la techno ?

J’aime bien, j’écoute beaucoup la techno, ça fait partie de mes sources d’inspiration, c’est d’ailleurs le métissage de la techno et des rythmes africains qui donnent ‘’Sous les Cocotiers’’ et ‘’Bab Lee samuz’’.

As-tu pensé à te faire remixer comme cela se fait beaucoup dans la house et la techno ?

Oui bien sûr.

Qu'est ce que tu penses du single de Mokobé et Patson, C'est dans la joie ?

J’aime bien.

Comment est organisée la scène Ivoirienne ? Est-ce qu'elle est plutôt concentrée avec quelques producteurs reconnus qui sont à l'origine de l'essentiel des sorties ou bien plutôt vaste avec beaucoup de producteurs de home studio et de one shot ?

La scène ivoirienne est très vaste avec plusieurs entités de production, des grands studios et aussi des home studio qui partagent les différentes sorties des artistes.

A quels autres artistes Ivoiriens devraient-on s'intéresser ?

Je vous conseille de vous intéresser à l’artiste SOUM BILL, le meilleur compositeur en matière de Zouglou, une musique Ivoirienne, il a aussi de très bonnes chansons variétés, reggae, soul, danse, danse hall.
Les CONTY DJ, des jeunes artistes très talentueux qui ont remporté plusieurs trophées de musique en Côte d’Ivoire
Et enfin JAY’RICO, un artiste que j’ai découvert, il fait un Reggae engagé.


la rue princesse


Merci à Bab Lee. Pour terminer, plus de précisions sur certains des termes employés:

Le boucantier est celui qui fait le boucan de manière à se faire remarquer, notamment par tous les signes ostentatoires de richesses.
Les wolosso sont des filles « sapées très sexe » comme dirait l’autre.
Le travaillement, c’est littéralement Make it train, mais avec des francs CFA.
La sagacité est la « philosophie » du héros national Douk Saga, depuis la drogbacité existe aussi.
Le maquis est un bar/club à ciel ouvert comme vous l’aurez compris.
Et faire farot farot c’est faire le malin, se vanter.

13 comments:

Willy Terror said...

Pascal Sevran n'avait décidément rien compris. Excellent article, bravo Bab Lee et Leo.

Anonymous said...

DJ DROGBA!

voltask said...

DJ Drogba n'existe pas à ma connaissance, par contre DJ Zidane, DJ Abrahamovic et DJ Arafat sont des djs reconnus en Côte d'Ivoire apparemment.

Merci à Angelo au passage.

☁‿☁ said...

tite wolosso

EtienneMenu said...

faites gaffe ou j'appelle DJ Mathieu Onction

http://www.dailymotion.com/relevance/search/kaysha%2Bchauffer/video/xax84_grand-maquis-allstarz-ca-va-chauffe_creation

EtienneMenu said...

Y en a un qu'a voulu faroter.

Anonymous said...

http://www.dailymotion.com/relevance/search/jean%20nipon/video/x51qj8_surkin-lache-what-to-do-de-thomas-b_music C'est quoi le titre qui passe tout a la fin de la video svp,

Anonymous said...

content de voir que le découpé décalé chinois est devenu la référence.

Anonymous said...

"Les gens n'aiment pas les gens mais les gens aiment l'argent des gens" dixit ce bon vieux Douk Saga ^^

Anonymous said...

le zouglou dance 2008 de magic system a base d'autotune on en pense quoi au final ?

Anonymous said...

ça faisait lgtps que j'attendais cet article sur Babulax, merci Voltask

Anonymous said...

Très très fort ces ivoiriens, et maintenant il ya le phénomène de "la chaussure qui parle".
Cyr

voltask said...

haha tu veux parler d'ABOU NIDAL DE GENEVE

c'est folklo
http://youtube.com/watch?v=WeLnKerpLO4

moi je préfère cette vidéo
http://youtube.com/watch?v=vFIlcJUzI8M
pour le mec qui dit "désormais je m'appelle gel douche. gel douche pourquoi? parce que je mousse dans la ville"